Gaz de schiste Gaz de schiste: indépendance européenne ou politique énergétique américaine
les barils de gaz naturel liquéfié (GNL) arrivent dans le port d’hydrocarbure tout neuf de l’île de Grain, construit à l’Est de Londres sur les fonds de GDF, BP ou encore E.ON, ce sont le premiers chargements de gaz naturel américain depuis des dizaines d’années.
Grâce aux gaz de schiste extraits de couches de roches profondes, les Etats-Unis ont reconquis leur indépendance énergétique et exportent désormais leur production. Les premiers puits ont étés forés en 2002 et cette nouvelle ressource représente aujourd’hui 15% de leur production total de gaz. En produisant 620 milliards de mètres cubes en 2009, le pays a même dépassé le leader mondial : la Russie.
La propriété industrielle de ces techniques est détenue par des sociétés spécialisées dans l’exploitation pétrolière comme Halliburton, Schlumberger, . Désormais, les grandes sociétés pétrolières étrangères se tournent vers des sociétés américaines en espérant un transfert de compétence par des partenariats
En prenant pied en Europe, les producteurs américains font directement concurrence à Gazprom, Mais la reconquête a avant tout été technique : présents dans quasi tous les pays du monde, les gaz de schiste ne peuvent être aujourd’hui extraits que grâce à une seule technologie, d’origine américaine, la fracturation hydraulique.
Une aventure dans laquelle les Européens se lancent à peine.
Discrètement lancée en France, la course aux gaz de schistes pourrait donner au pays son indépendance énergétique ,et…. lui coûter un désastre écologique.
Mais la propriété technologique américain force les locaux au partage : dans le Sud de la France ouvert depuis peu à la prospection, Total dont le premier partenaire Devon s’est retiré cherche à s’allier à Chesapeake, et GDF s’est s’associe au Texan Schuepbach http://www.schuepbachenergy.com/ qui prospecte à travers le monde ces nouveaux gisements avec l’aide de la puissante multinationale Dale. Des concessions qui servent autant des ambitions économiques que politiques : Guy Maisonnier, de l’Institut Français du Pétrole explique
"Un des enjeux du marché européen est de limiter sa dépendance vis à vis de la Russie, de l’Algérie ou encore du Moyen-Orient,. La notion clef est le renforcement de l’indépendance énergétique. Pour l’instant, nous en sommes à un stade préliminaire. La suite des opérations va dépendre du taux de récupération et des coûts de forage déterminés par les contraintes techniques."
Dans le reste de l’Europe, aussi l’exploration se généralise : Allemagne, Royaume-Uni, Italie du Nord, Espagne, pays scandinaves… Quelques permis autorisant pour l’instant la prospection seulement, en attendant l’évaluation du potentiel des gisements découverts. Des ambitions communes ont même donné naissance à un programme de recherche appelé GASH. Cette assoc a commencée en 2009 pour une premiere periode de trois ans. Le projet est sponsorisé par: Statoil, ExxonMobil, Gas de France SUEZ, Wintershall, Vermillion, Marathon Oil, Total, Repsol, Schlumberger and Bayerngas.
Avec une nette avance, la Pologne a signé 70 permis et réalisé la première fracturation hydraulique d’un puits de gaz de schiste en Europe… grâce à la compagnie américaine Halliburton. Une impatience qui s’explique par le fort potentiel gazier du sous sol polonais qui pourrait placer cet état juste derrière la Norvège et la Russie au rang des fournisseurs de l’Union européenne. Un coup économique mais aussi diplomatique puisqu’il l’affranchirait des exigeances du géant Gazprom, qui fait la loi en Europe de l’Est en imposant ses tarifs.
Voila des raisons d’irriter Moscou qui vient de signer un accord de coopération avec Shell pour compenser la chute de demande de gaz en Europe depuis le développement des gaz de schiste d’Amérique du Nord.
Face à cet engagement des deux puissances economiques que sont la Russie et les Etats Unis, les populations qui luttent contre l'exploitation des gaz de schistes savent bien que, seule l'union des citoyens, dans tous les pays, peut faire basculer cette tendance qui favorise les lobys industriels dangereusement boustée par la peur de la pénurie énergetique