Groupes financiers et fonds speculatifs à la conquête des terres agricoles

Publié le par eve.api-oc

les groupes financiers et les fonds spéculatifs

à la conquête des terres agricoles

 

 

La crise financière génère des problèmes imprévus ; l’un des plus grave est  la course à l’acquisition de vastes surfaces de terres cultivables lancée par des États, des multinationales et, depuis quelques mois, des fonds spéculatifs

Gouvernements, grandes entreprises et fonds spéculatifs n’ont pas les mêmes objectifs.

Les états : Chine, Corée du Sud, Japon, Inde, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, pour les principaux, souhaitent assurer une sécurité alimentaire pour leurs populations en se lançant dans la production céréalière et dans l’élevage plutôt que de recourir aux importations dépendantes des fluctuations des cours mondiaux.

Avec la crise financière, les multinationales et les fonds spéculatifs, se tournent vers ce nouvel eldorado. Les prix alimentaires sont élevés, les coûts des terres faibles, on peut facilement gagner de l’argent en prenant le contrôle des meilleures surfaces, proches des ressources en eaux. L’horizon de placement est de 10 ans en moyenne avec bien sûr l’obligation d’exploiter les terres et de construire les silos et les routes nécessaires à l’exportation des récoltes. Les retours sur investissements sont évalués entre 10 et 40% par an pour les fermes situées en Europe et peuvent atteindre 400% en Afrique.

Il y a collusion entre ces divers acteurs : Ce sont les gouvernements qui, dans un premier temps, négocient les accords de coopération agricole avec les pays possesseurs de terres. C’est le secteur privé qui sera chargé de la mise en œuvre

 

 

Frappés par la crise alimentaire mondiale, plusieurs pays sont partis à l’assaut de terrains étrangers. D’énormes opérations d’acquisition sont en cours, notamment dans des régions frappées par la faim.

 

Depuis environ un an, on assiste ainsi, dans des dizaines de pays du monde, à une accélération frénétique de la recherche de bonnes terres  à louer ou à acheter. Aux premiers rangs des démarcheurs : des pays d’Asie et du Moyen-Orient, en déficit de production alimentaire ou de place pour cultiver.

 

La Corée du Sud envisageait de louer, avec un bail de 99 ans, 1,3 million d’hectares de terre à l’État malgache (soit l’équivalant de la moitié des terres cultivées de l’île)  pour exploiter des palmiers à huile et du maïs. Ce maïs aurait pu procurer, à terme, la moitié des besoins de la Corée du Sud, quatrième importateur mondial de cette céréale

Daewoo, qui se proposait de gérer ces terres, prenait à sa charge la mise en valeur, les infrastructures routières portuaires et hydrauliques, soit un investissement de 6 milliards de dollars

Le personnel technique serait venu de Corée et d’Afrique du Sud

Cette opération envisageait de créer sur place 70 000 emplois, principalement des emplois d’ouvriers agricoles, l’État malgache se contentait de ces contreparties, renonçant même à percevoir un loyer.

 

Les révoltes de la faim et le renversement du gouvernement Malgache n’ont pas permis à ce projet de se concrétiser, mais, actuellement, le groupe indien Varun International envisage de louer pendant 50 ans prés de 500 000 ha appartenant actuellement à des paysans  et propose de les rémunérer en leur donnant 30% de la récolte. Il envisage de multiplier par 4 les rendements actuels

 

Selon l’ONG internationale Grain

La Corée du Sud posséderait déjà 2,3 millions d’hectares hors de son territoire (acquisitions ou baux à long terme)

La Chine contrôle 2 millions d’hectares agricoles

Le Japon 300.000 ha.

Certains pays du Golfe sous climat désertique, particulièrement dépendants des importations alimentaires, ont réagi brutalement à la nouvelle donne. Tournant le dos aux marchés, ils ont décidé d’établir des filières de production entièrement sous leur contrôle.

L’Arabie Saoudite détient ainsi au moins 1,6 million d’hectares, suivie par les Émirats arabes unis : 1,3 million ha.

 

Au premier rang des pays cibles, on compte

L’Indonésie (1,6 million d’ha cédés) et

Le Pakistan (900.000 ha).

Et, plus choquant, des pays souffrant de la faim de manière récurrente :

Madagascar,

Les Philippines (1,3 million d’ha cédés),

Le Soudan (1,1 million d’ha) – où près de 6 millions de réfugiés au Darfour dépendent des Nations unies pour leur alimentation

Le Laos (700.000 ha)

Le Cambodge, en tractations avec le Koweït et le Qatar pour la cession de rizières, probablement plusieurs dizaines de milliers d’hectares.

LOuganda pour lequel des informations circulent sur une opération incluant la location de près de 900.000 hectares de terres par l’Égypte.

Au Mali : 360 000 hectares, sont concédés aux étrangers, dont 100 000h à la société Libyenne Malibya (liée à la famille du colonel Kadhafi) qui y exploite du riz  en cooperation avec des compagnies chinoises.

Des projet toujours avec la Libye envisage la culture de tomates et l’instalation de stations d’élevage.

 

       L’affaire pose le problème de la propriété de la terre. Dans de nombreux pays africains, et même sud-américains, les titres de propriété n’existent pas Les exploitants courent donc le risque d’être expropriés d’une terre qu’ils occupent depuis plusieurs générations. Ces paysans sans terre viendront grossir les bidonvilles qui ceinturent les grandes métropoles du tiers-monde

        Au niveau mondial, 4% des propriétaires fonciers sont à la tête de la moitié des terres cultivées. Pourtant des études produites dans le domaine agricole ont prouvé que les petites exploitations sont plus rentables que les grandes exploitations industrielles. Exemple : il a été démontré que les exploitations de 1 ha en Turquiesont plus rentables que les exploitations de 10 ha leur production est de 20 fois supérieure.

 

 

       Opérations gagnant-gagnant, affirment les gouvernements cédants, souvent très demandeurs, particulièrement en Afrique, où les moyens manquent cruellement pour relancer des agricultures laissées à l’abandon.

Jacques Diouf, directeur général de l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), s’alarmait de la situation : « Elle risque d’entraîner l’émergence d’un pacte néocolonial pour la fourniture de matières premières sans valeur ajoutée dans les pays producteurs, et des conditions de travail inacceptables pour les ouvriers agricoles »

 

       Pourtant la banque mondiale et le FMI n’hésitent pas à encourager et à aider ces transactions ; Elles conseillent les pays intéressés en Afrique et en Amérique du sud leur suggérant même de modifier leur législation pour permettre les investissements privés étrangers.

 

       Ces énormes phénomènes touchent aussi les pays du Maghreb on a vu récemment le Maroc adopter un « Plan vert » pour l’agriculture Il prévoit la création de près de 1,5 million opportunités d'emploi, l'amélioration des revenus d'environ 3 millions de personnes en milieu rural et la mise en place d'une agriculture performante, adaptée aux règles du marché.

Dans ce sillage, il faut noter qu'une réforme du régime du foncier suivra avec une ouverture du foncier de l'Etat à la gérance privée.et au financement étranger Plus de 700.000 hectares disponibles doivent être mis à la disposition des investisseurs. Terres habous, terres collectives, domaines, tout sera offert en pâture…

 

 

Et la France dans tout ça ?

 

       Lors du sommet de la FAO à Rome en juin 2008, consacré à la crise alimentaire, la France, en la personne de son président Nicolas Sarkozy avait décidé de soutenir l'agriculture africaine en aidant à maintenir les producteurs sur leur terre.

Un an après, la France a suspendu ses subventions à l'agriculture, le milliard annoncé n’est pas venu ; un accord est signé entre la France et la banque africaine de développement pour créer un Fond de développement et d’investissements pour l’agriculture africainel'Agence française de développement (AFD) se propose de regrouper des fonds privés et des fonds souverains pour financer des projets agricoles en Afrique et s'apprête à servir de caution financière à des fonds d'investissement sur des projets dont les agricultures familiales seront les grandes absentes mais qui garantissent un minimum de 5% d’intérêts aux investisseurs

Adieu aux petits producteurs les plus vulnérables. Cette logique privilégie des projets tournés vers l'industrie agroalimentaire ou vers des monocultures peu pourvoyeuses d'emplois

       L'Agence française de développement n’a pas été créé pour garantir de bons placements à des fonds d'investissements en quête de profit, ni pour participer à l'accaparement des terres en Afrique par des groupes étrangers au détriment des plus pauvres.

 

A côté des gros requins de la Finance viennent les petits requins qui eux aussi veulent générer des profits

 

 

     Quand interroge Mr Guy Giva président de la chambre d’Agriculture de l’Aude et president de la Chambre régionale du Languedoc Roussillon en lui disant : «  vous avez déclaré que l’avenir de l’agriculture passe par la coopération méditerranéenne qu’entendez vous par là ? Il répond : « Il va falloir faire jouer la complémentarité entre les rives Nord et sud . Des exemples, bien que peu nombreux encore, montre qu’il existe des intérêts à traverser la méditerranée pour aller produire des fruits et légumes. Des entreprises de notre région ont d’ores et déjà franchi le pas pour allonger leur calendrier de production. Ce qui, pour certaines d’entre elles, a même permis de sauver leur activité et de gagner en compétition. C’est pourquoi, je ne pense pas qu’il faille appréhender l’union de la méditerranée comme une menace, il y a aussi des opportunités à saisir. » vivre en languedoc roussillon (journal de la region L.R.)


Est ce que tout cela n’a pas des relents de colonisation ?

 

Eve

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