FEMEN: reflexion sur le mouvement

 Depuis environ une année, nous sommes interpelés par l’action des Femen… Qui sont-elles, que veulent-elles ?

Lors de leurs premières actions, en Ukraine, en 2008, elles avaient inscrit leurs slogans sur leurs dos nus, mais les photographes ne s’intéressaient qu’à leurs seins. Elles ont donc déplacé les inscriptions ;  Inna Chevchenko, l’Ukrainienne qui a exporté la marque Femen en France , déclarait,  en décembre à Rue 89.: « On sait de quoi les médias ont besoin : du sexe, des scandales, des agressions : il faut leur donner. Etre dans les journaux, c’est exister »

N’est-ce pas un peu court, un peu caricatural….

Le mouvement féministe a toujours été provocateur ; comment pourrait-il en être autrement dans un monde construit par les hommes et pour le confort des hommes. En France au milieu du 19°s. le journaliste Rittez, à Lyon  affirmait face à Flora Tristan :  « Il ne convient pas qu’une femme se mêle de politique ; la France ne peut marcher sous un cotillon ».. Il faudra un siècle et demi de réflexions, de lutte et l’engagement des femmes dans le résistance pour obtenir l’égalité des droits politiques avec les hommes.  En effet ce n’est qu’en 1945 que  le pays des droits de l’homme donnera le droit de vote aux femmes.

les grands changements législatifs sur la contraception,  l’avortement, l’égalité dans le travail, la discrimination sexiste s’appuient sur des réflexions politiques et des manifestes établis par des intellectuelles féministes mais ….. la provocation des feministes a accélère, interpellé et popularisé l’idée du changement…. 

Comme le dit la militante féministe Clémentine Autain « le happening, c’est dans notre culture. De la suffragette Hubertine Auclert, qui renversait les urnes lors des élections municipales de 1910 pour que les journaux de la IIIe République puissent avoir leurs photos trash à la Une, aux militantes du MLF qui balançaient du mou de veau dans les meetings des anti-avortement dans les années 1970, on sait aussi monter des coups » Mais derrière ces violences médiatiques il y ait un fond politique solide et structuré qui leur donne tout  leur sens.

Le groupe  Femen s’est Fondé à Kiev en 2008.

Femen s'est d'abord fait connaître pour ses manifestations éclair contre le tourisme sexuel dans le pays. "L'Ukraine n'est pas un bordel !", clament-elles en 2008, déguisées en prostituées, place de l'Indépendance.

Pour protester contre le "viol" de la démocratie en Ukraine, plusieurs activistes font irruption en février 2010 dans le bureau de vote où est attendu le candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch, favori des sondages et finalement élu à la présidence.

En novembre 2010, elles organisent également une "performance" devant l'ambassade d'Iran en Ukraine en soutien à Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à la lapidation pour adultère.

En février 2011, les membres de Femen se mobilisent contre le jeu-concours "Win a wife" ("gagnez une femme") organisé par la radio néo-zélandaise Rock-FM et dont le premier prix consiste en un chèque de 2 000 dollars accompagné d'un voyage de douze jours en Ukraine, au cours duquel le gagnant est censé choisir une femme

Craignant que les hordes de supporters qui risquent d'affluer en Ukraine pendant l'Euro 2012 de football ne favorisent l'explosion du tourisme sexuel, les membres de Femen réclamaient depuis 2011 une compétition "sans prostitution".

Elles ont également voyagé dans plusieurs pays d'Europe pour dénoncer les turpitudes des grands de ce monde : Silvio Berlusconi...ou DSK

Elles etaient à Davos, en Suisse, pendant le Forum économique mondial, en janvier 2012.

Plusieurs de leurs activistes ont réussi à pénétrer dans le quartier général du groupe Gazprom, à Moscou, pour dénoncer les ingérences du voisin russe.

A la veille du départ du président François Hollande pour Tunis, trois militantes du groupe féministe Femen ont manifesté, seins nus devant l'entrée de l'Elysée, à Paris. Leur action, en signe de solidarité avec leur camarade tunisienne Amina Sbouï, a été rapidement interrompue par la police.

Les femens sont installées à Paris, leur leader : Inna Chevchenko  a obtenu l’asile politique. Leur siège est situé au théâtre du lavoir moderne dans le quartier de la goutte d’or où elles installent un « camp d’entrainement ».

Définition du féminisme par Inna : « Le féminisme classique est une vieille femme malade qui ne marche plus. Il est coincé dans le monde des conférences et des livres. »  quelle affirmation pour une féministe ! : à bas les vieilles, les moches, les handicapées, les intellectuelles….Vive les gravures de modes  et les slogans lapidaires.

Message politique des femen : » nous nous battons contre les trois piliers du patriarcat : la dictature, l’industrie du sexe et la religion». La théorisation du mouvement - qui s’inspire au départ de Marx et d’un socialiste allemand du XIXe siècle, August Bebel - est «encore en cours d’élaboration». A noter que la femme et le socialisme de Josef Bebel date de 1883 . Il est certes un précurseur pour les analyses qu’il propose mais, ce père du SPD allemand  est un peu ancien et la littérature nous a offert des penseurs plus modernes et adaptés à notre époque que les femen feraient bien de consulter.

Leur objectif : libérer les femmes partout dans le monde.

leur stratégie : faire de leurs seins une affiche et une arme. 

Dans un entretien pour Charlie hebdo du 6 mars 2013, elles affirment vouloir une société « où les femmes ont plus de pouvoirs que les hommes ».  L’égalité des sexes, elles ne connaissent pas….Leur langage militaire ou il est question de guerrières,  d’attaques de soldats et d’occupation mondiale veut leur associer l’image d’une armée en marche. Sur leur site, la photo de l’une d’entre elle brandissant un sexe d’homme montre bien que c’est contre les hommes qu’elles sont en guerre

Les Femens sont provocatrices, courageuses et je salue leur courage. Mais je me demande si elles font avancer le combat des femmes pour l’égalité.

 Elles utilisent l’image et les médiats, et c’est aussi ce qui gêne car la société du spectacle est à double tranchant. L’esthétisme leur fait montrer des femmes belles jeunes correspondant au canon de beauté du moment, c’est-à-dire minces, très minces. Il parait qu’il y a des Femens enrobées….Vous les avez vues... ? Et les fortes poitrines ? Et les seins tombants ?…

Nous proposerait-on une dictature de beauté people ?

Le plus gênant est le mélange des genres. Que penser de cette photo publiée dans les Inrockuptibles. 

Elles sont jeunes minces le sein arrogant et ….maquillées par Delphine Sicard. Drôles de guerrières féministes qui sacrifient aux méthodes  des magasine pour imposer une image sélectionnée et  apprêtée de la femme.

Quant à leur affiche Femen France…Elle est esthétique et provocante certes, mais vous ne la trouvez pas un peu « Franchouiarde » ?