Guadeloupe l'etat opte pour l'affrontement

Publié le par eve.api-oc

Guadeloupe, Martinique …l’état opte pour l’affrontement

 

 

Les îles de Martinique et de Guadeloupe sont française depuis 1635. Toutes deux ont été marquées par l’esclavage, la domination blanche, la colonisation.

L’économie actuelle de ces îles est tenue en main par une quinzaine de familles blanches, descendants des grandes familles esclavagistes : les Bekés.

 

Pour nous ces îles sont synonyme de cocotiers et sable fin , lagons transparents et farniente. Pourtant la vie ici est difficile  économiquement et les inégalités se creusent. Les ressources des iles sont limités à la cane à sucre, à la culture des bananes et au tourisme. le tout est tenu en main par les Bekés ; les ressources agricoles étant en baisse la reconversion dans un tourisme de masse coupé de la culture locale et des habitants,  amène encore plus de déstructuration sociale.

La société des iles antillaises s’est structurée autour d'un long métissage où se mêlent des origines diverses : descendants des esclaves noirs d'Afrique, Blancs d'origine européenne, immigrants venus l'Inde, d'Orient et de Chine.

Cette diversité des origines et des cultures a provoqué un mélange des références culturelles. Elle a engendré des mouvements d'idées originaux, notamment, le concept de « négritude » d'Aimé Césaire  dans l'immédiat après-guerre.

Plus récemment, l'identité antillaise s'est structurée autour du concept de «  créolité  » qui évoque l'idée d'une civilisation originale, ouverte sur le monde et fondamentalement métissée. Rassemblée autour du Créole. Le Créole est un idiome issue des langues européennes qui se serait formé dans les sociétés coloniales antillaises du XVI° et XVII° siècles ; Le statut de langue lui est parfois contesté. Actuellement ce langage autonomedu contact d’une langue européenne avec des langues indigènes ou importées, est devenu langue maternelle et langue principale d’une communauté

Elle en maintient la cohésion et porte sa culture. Dans toutes les Antilles française l’inter compréhension ne pose pas de problème.(3) Les dictionnaires fleurissent dans toutes les iles

Cette recherche d'identité, et ses représentations collectives directement issues de la colonisation, l'héritage économique, notamment foncier qui en résulte, déterminent dans une large mesure les comportements sociaux qui de plus en plus rejetant l’assimilation, affichent la Creolité

 

Un peu d’histoire

 

1949 Il y a 60 ans Aimé Cesaire déclarait

 « Si, contrairement à l’esprit de la Constitution, le gouvernement continue à nous imposer un régime d’exception fondé sur le racisme et la discrimination, autrement dit, si on nous refuse tous les avantages sociaux, obligation sera faite au peuple martiniquais de donner une autre direction à ses aspirations ».

 

1971 Convention pour l’autonomie qui réunit en 1971, au Morne rouge en Martinique, des représentants des forces progressistes des quatre DOM, il en sortira un document dans lequel on peut lire que « les peuples des quatre territoires de La Réunion, de la Guyane, de la Guadeloupe, de la Martinique (sont) des entités nationales (qui) doivent être constituées dans le cadre juridique d’un État autonome »

 

1973, Aimé Césaire fera campagne en faveur de l’autodétermination. Mais il ne sera réélu que de justesse sur ce programme et, de ce fait, le PPM (1) renoncera par la suite à parler d’indépendance. Il se satisfera de demander « l’autonomie »,

 

le PPM et le MIM (2) de Alfred Marie Jeanne ne reclame  pas un vrai statut d’independance mais une forme d’autonomie ;

La loi d’orientation pour l’outremer (LOOM) du 13 décembre 2000 avait prévu la possibilité dans les divers territoires qui constituent les restes de l’empire colonial français. ,d’une évolution institutionnelle différenciée, le 28 mars 2003, la constitution défini le cadre dans lequel ces territoires d’outre-mer peuvent inscrire leurs particularités. Deux possibilités vont s’offrir à eux :

L’art 73 qui regroupe les départements et régions d’outre mer DOM/ROM) qui seront soumis aux lois métropolitaines qui peuvent être adaptées en fonction des « caractéristiques et contraintes particulières 

L’art 74 qui change les dénomination et remplace les anciennes divisions administratives départements et régions en une entité appelée collectivité d’outre mer.(COM) ayant une « spécificité législative ».

 

2003 les populations de la Martinique et de la Guadeloupe ont été consultées: le 7 décembre 2003 on leur a posé la question suivante: « Approuvez-vous le projet de création en Guadeloupe (en Martinique) d’une collectivité territoriale demeurant régie par l’article 73 de la Constitution et donc par le principe de l’identité législative avec possibilité d’adaptations, et se substituant au département et à la région dans les conditions prévues par cet article ? »

Simultanément, les habitants des communes de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin (faisant jusqu’alors partie de la Guadeloupe) étaient consultés sur leur transformation en COM relevant de l’article 74. à Saint Barthélémy et les Saint-Martin on sont prononce à une très forte majorité en faveur de cette proposition

les Guadeloupéens et les Martiniquais refusèrent la simple adaptation qui leur était proposée. Et choisirent de rester département et région française. Pourtant il n’etait pas question d’autonomie ; on évoquait seulement la collectivité territoriale unique et non le contenu des compétences devant lui être nouvellement transférées.

Une très forte abstention a marqué ce scrutin (66% et le résultat fut acquis à 50,4 %

2004

Quelque mois plus tard, pour les élections régionales, en mars 2004, le président sortant de Martinique, Alfred Marie-Jeanne, qui se présentait sous l’étiquette « indépendantiste », a été élu le taux de participation fut de 53 %). Et la Guadeloupe elle  virait complètement à gauche  abandonnant l’UMP, en opposition complète avec la tendance de métropole ou la vague bleue faisait des ravages.

2008

Depuis, la situation économique s’est encore dégradée. Actuellement les produits de base sont 25% plus cher  que dans l’état français métropolitain. Le Smic est au même niveau.

 En Guadeloupe, Le chômage est en moyenne de 25% et de 48% parmi les jeunes de moins de 25ans. Bien qu’on n’ait pas les derniers chiffres, il semble qu’il soit supérieur en Martinique

Aujourd’hui

Les guadeloupéens ont réagit les premiers en structurant le mécontentement général et en créant le L.K.P :  Lyanag kont profitasyon* / Rassemblement contre les profiteurs

C’est un collectif de 52 organisations comprenant des syndicats dont le plus important de gouadeloupe lUGTG, le syndicat des transporteurs, les syndicats des stations de service, syndicat de pêcheurs, etc, des groupements de mutuelles, des fédérations d’associations…

Le L.K.P. a lancé un mouvement de grève qui dure depuis le 20 janvier 2009.

A sa tête: Elie Domoto, président de UGTG ; Ce guadeloupéen de 42ans est directeur adjoint de l’ANPE de L’Ile ( diplômé sup de gestion d’Urbanisme de Limoges) C’est un leader incontesté, très proche du peuple, qui s’exprime en Créole dans tous ses meeting

Des négociations on été engagées avec autour de la table de négociation, une représentation de l’ensemble des décideurs de la Guadeloupe :

Le collectif : *L.K.P.  Les élus : (Conseil Régional - Conseil Général - Les maires - les Députés - Les Sénateurs). Les socio professionnels L MEDEF - CGPME - CTPME - CCI - CES – etc.) L’Etat :( Préfet de Région - Les Directeurs d’administration centrale)

On sait comment le gouvernement arrêta cavalièrement et sans ménagement la signature d’accords.trouvés entre tous les partis

Pourtant, en période de crise seule la négociation peut trouver un débouché honorable pour tous . Les iles ont déjà connu la répression policière qui entraîna la mort de plusieurs personnes ;

En 1910, 1925, 1952, 1967. (Rappelons que c’est après les massacres de 1967 que c’est créée la CGTG clairement indépendantiste.)

Augmenter les forces de polices après avoir rompues des négociations bien avancées c’est réveiller de vieux souvenirs, de vieilles rancunes et prendre de gros risques.

 

Il a fallu un drame en Nouvelle Calédonie pour qu’un processus (les accords de Matignon en 1988) soit trouvé afin de conduire le pays calmement, vers une indépendance lointaine, une prise de possession  progressive du pouvoir  par les forces locales. Un statut propre a été trouvé. La sagesse voudrait qu’ici, un chemin identique soit cherché. Il ne faut pas laisser pourrir la situation ; cela pourrait conduire à toutes les dérives, mais accepter le sens de l’histoire. La marche des peuples vers la prise en main de leur avenir est inéluctable.

L’autonomie est inévitable et comme le disait Cesaire : « L’autonomie …est un plus et ce n’est pas un moins. Ce qui est acquis restera acquis. Mais ce qui manque sera ajouté ».

 

 

    Ne négligeons pas le slogan dit et redit dans les manifestations de ces derniers jours en Guadeloupe

« La gwadloup cé tan nou - la gwadloup cé pa ta yo - yo bisyon fé sa yo vlé - a dan péyi en nou »

        "La Guadeloupe est à nous, la Guadeloupe n’est pas à eux, et ils veulent faire ce qu’ils veulent -


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1 « Et, plus que jamais, notre pays a besoin d'un PPM bien vivant, en accord avec le seul moyen d'arriver à ce que nous voulons : l'Autonomie, sans avoir à tomber dans le piège du choix préalable entre article 73 ou article 74, affaire de juristes, mais pas préoccupation d'un peuple aspirant à ses Libertés locales.

Déclaration de serge letchimy député du PPM

 

2 Le M.I.M. (Mouvement Indépendantiste Martiniquais) s’est fixé les objectifs suivants : * oeuvrer pour informer, éduquer, mobiliser et organiser le peuple martiniquais en vue de sa libération ; * oeuvrer pour une prise de conscience et de résistance du peuple martiniquais de manière à pouvoir accéder à terme au pouvoir politique, économique, social et culturel total, donc oeuvrer pour la promotion de l’Homme martiniquais ; * oeuvrer pour que le peuple martiniquais réalise son inaliénable droit à l’autodétermination.

 

3 Les Iles Anglaise ont un créole différant, basé sur l’anglais.

 

Publié dans peuples

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